Faire oublier le cinèma que vous avez vu et ce que vous verrez: La vie d'Adèle a ce pouvoir, cette force singulière et unique, que quand se materialise on ne peut que crier au miracle. Car le film de Abdellatif Kechiche parle tout simplement une autre langue, fort d'un lexique impur et gravé dans la realité autentique, celle la plus vraie et odorante: trois heures et sept minutes de vie qui coule comme eau parmi les doigts, plaines et uniques, effrontées et très libres.
La morve au nez, les cheveux de la protagoniste relevés en une queue sauvage pendant que ils se démenent au son de la hit de Lykke Li I Follow Rivers, langueurs, larmes de plaisir, de sincère euphorie et profonde tristesse, halos de sauce sur les lévres torrides et affamées, la chose la plus charnelle que la vie peut offrir. Celle vie de la quelle Kechiche vole, en harcelant la realité de très proche, tellement que notre perception se égrene et on est forcé de s'identifier totalement. Il ya tellement de vraie vie, dans le film, que l'aphorisme de Cocteau selon lequel le cinéma serait la mort au travail pourrait même être mis en discussion.
En fait, ici ce sont les pulsions du vitalisme le plus absolu à siffler dans la boue vaseuse des choses, en s'alimentant à une source inépuisable de plaisirs et sensations brûlantes. Sur l'écran on voit défiler un proces de maturation dont on perçoit phisiquement les singules phases, en tant que à la fin de tout Adéle – mais sa copine de vie et de lit Emma (Léa Seydoux) aussi – on a la sensation de les connaître depuis toujours, comme vieilles amies dont les battements semblent si réels qu'on pourrait les serrer au cœur comme on fait avec l'oreiller pendant qu'on se endormit. Familières, très loines, car reléguées dans le royaume de la fiction, et pourtant jamais si proches de l'experience directe du spectateur.
La vie d'Adèle, avec sa division en chapitres, devient déjà une sorte de saga à la manière de Truffaut ou de Doinel, de la quelle on attend en trépignant les developpements successifs. Avec douceur, sans effets ni cinématographiques ni litteraires – même si le film s'inspire idéalement à La vie de Marianne de Marivaux – Kechiche nous a offert un fragment fluvial et torrentiel de verité absolue que a le mérite de ne mimer les raccourcis du cinéma verité, en tournant l'obstacle des définitions rigides. Des deux protagonistes et de leur amour lesbien et universel, ces premièrs plans omniprésents qui permettent très peu de totales nous rendent la prise directe, l'épanouissement incessant de deux fleurs très beaux et précieux, comme à en scruter les organes intérieurs et extérieurs moins littérairement nobles du cœur, mais sans nous les montrer jamais, en niant sécrétions et îles de plaisir dans un mécanisme de réticences qui sublime le sexe comme œuvre plastique d'art, éloignée de la pornographie et de l'asservissement à un imaginaire pour l'usage de la pensée masturbatoire masculine.
Kechiche se limite à montrer cette histoire dans sa simplicité, comme elle est; un girl meets girl fait de sourires que changent en bisous pareils à morsures, de sexe merveilleux, de corps qui se frôlent violemment et se surponent haletants comme portails d'erotisme joyeux. La nourriture, les pages d'un livre, un banc, deux visages proches dans la lumière d'un soleil tiède: tout cela est La vie d'Adèle, un film qui simule la perception du «temps de la vie» de Bergson, sans ellipses et trucs, qui dure trois heures mais qui pourrait durer à jamais et on en n'aurait marre du tout.
Camera à main, focales longues, un bum bum continu d'assauts aux senses, cinéma à la limite qui dépasse la frontière de la fiction en l'abattant avec la même furieuse, raffermie douceur des merveilleux rapports sexuels des protagonistes. D'ailleurs, le sexe est une question plus mentale que phisique, et il ne peut pas exister dans sa forme la plus irrésistible et passionnelle sans avant avoir partagé une vision commune du monde, ou sans avant avoir été encadré du même rayon de soleil éblouissant qui fend un pré pendant un picnic. «Ne pense pas à qui est l'objet de l'amour, pense à l'amour». Ainsi comme en ce cas on ne pense pas au cinéma et à la litterature comme objets à modeler pour l'usage de l'auteur, mais, comme on a dit, on va directement à la vie, dans le film et plus en general dans l'idée du cinéma de Kechiche, qui en ce cas plus que jamais avait trouvè une matérialisation tellement lumineuse, à la quelle on ne peut pas rénoncer.
Dans la protagoniste Adèle Exarchopoulos, «counturnée et folle», pourtant tendre et très banale en noyant la douleur dans le chocolat, aussi comme dans l'ouverture de sa bouche charnue qui révele les dents proéminents, s'insinue tout le charme transpirent et ample d'un film qui n'a pas peur de se défouler et de se donner, et il le fait sans rien demander en échange, impudique et triomphant dans son absolue générosité. La chair, le gras qui coule, le jus de la vie qui bouillit encore et encore. Et puis se mouiller avec les larmes de l'aimée, les deux seulement et personne d'autre, si proches qui se touchent en profondeur. Belles et douces, se regarder et se respirer. Le regard violé par la fatigue et par le poids de sa propre arte d'Emma, ses cheveux bleus. Le muscle de la mandibule de Adèle qui se contracte en une fossette amusée ou accompagne la rougeur désinvolte d'un visage embarrassé ou counturné ou défiguré par une sensualité sauvage, selon les instants. Le très faible, mais enchanté mystère des visages et des créatures humaines, qui se découpe sur toute autre chose.
Écrit par Davide Eustachio Stanzione
Traduction par Fabio Tasso
Section de référence: English/Français
Article original: Cannes 2013 - La vie d'Adèle
La morve au nez, les cheveux de la protagoniste relevés en une queue sauvage pendant que ils se démenent au son de la hit de Lykke Li I Follow Rivers, langueurs, larmes de plaisir, de sincère euphorie et profonde tristesse, halos de sauce sur les lévres torrides et affamées, la chose la plus charnelle que la vie peut offrir. Celle vie de la quelle Kechiche vole, en harcelant la realité de très proche, tellement que notre perception se égrene et on est forcé de s'identifier totalement. Il ya tellement de vraie vie, dans le film, que l'aphorisme de Cocteau selon lequel le cinéma serait la mort au travail pourrait même être mis en discussion.
En fait, ici ce sont les pulsions du vitalisme le plus absolu à siffler dans la boue vaseuse des choses, en s'alimentant à une source inépuisable de plaisirs et sensations brûlantes. Sur l'écran on voit défiler un proces de maturation dont on perçoit phisiquement les singules phases, en tant que à la fin de tout Adéle – mais sa copine de vie et de lit Emma (Léa Seydoux) aussi – on a la sensation de les connaître depuis toujours, comme vieilles amies dont les battements semblent si réels qu'on pourrait les serrer au cœur comme on fait avec l'oreiller pendant qu'on se endormit. Familières, très loines, car reléguées dans le royaume de la fiction, et pourtant jamais si proches de l'experience directe du spectateur.
La vie d'Adèle, avec sa division en chapitres, devient déjà une sorte de saga à la manière de Truffaut ou de Doinel, de la quelle on attend en trépignant les developpements successifs. Avec douceur, sans effets ni cinématographiques ni litteraires – même si le film s'inspire idéalement à La vie de Marianne de Marivaux – Kechiche nous a offert un fragment fluvial et torrentiel de verité absolue que a le mérite de ne mimer les raccourcis du cinéma verité, en tournant l'obstacle des définitions rigides. Des deux protagonistes et de leur amour lesbien et universel, ces premièrs plans omniprésents qui permettent très peu de totales nous rendent la prise directe, l'épanouissement incessant de deux fleurs très beaux et précieux, comme à en scruter les organes intérieurs et extérieurs moins littérairement nobles du cœur, mais sans nous les montrer jamais, en niant sécrétions et îles de plaisir dans un mécanisme de réticences qui sublime le sexe comme œuvre plastique d'art, éloignée de la pornographie et de l'asservissement à un imaginaire pour l'usage de la pensée masturbatoire masculine.
Kechiche se limite à montrer cette histoire dans sa simplicité, comme elle est; un girl meets girl fait de sourires que changent en bisous pareils à morsures, de sexe merveilleux, de corps qui se frôlent violemment et se surponent haletants comme portails d'erotisme joyeux. La nourriture, les pages d'un livre, un banc, deux visages proches dans la lumière d'un soleil tiède: tout cela est La vie d'Adèle, un film qui simule la perception du «temps de la vie» de Bergson, sans ellipses et trucs, qui dure trois heures mais qui pourrait durer à jamais et on en n'aurait marre du tout.
Camera à main, focales longues, un bum bum continu d'assauts aux senses, cinéma à la limite qui dépasse la frontière de la fiction en l'abattant avec la même furieuse, raffermie douceur des merveilleux rapports sexuels des protagonistes. D'ailleurs, le sexe est une question plus mentale que phisique, et il ne peut pas exister dans sa forme la plus irrésistible et passionnelle sans avant avoir partagé une vision commune du monde, ou sans avant avoir été encadré du même rayon de soleil éblouissant qui fend un pré pendant un picnic. «Ne pense pas à qui est l'objet de l'amour, pense à l'amour». Ainsi comme en ce cas on ne pense pas au cinéma et à la litterature comme objets à modeler pour l'usage de l'auteur, mais, comme on a dit, on va directement à la vie, dans le film et plus en general dans l'idée du cinéma de Kechiche, qui en ce cas plus que jamais avait trouvè une matérialisation tellement lumineuse, à la quelle on ne peut pas rénoncer.
Dans la protagoniste Adèle Exarchopoulos, «counturnée et folle», pourtant tendre et très banale en noyant la douleur dans le chocolat, aussi comme dans l'ouverture de sa bouche charnue qui révele les dents proéminents, s'insinue tout le charme transpirent et ample d'un film qui n'a pas peur de se défouler et de se donner, et il le fait sans rien demander en échange, impudique et triomphant dans son absolue générosité. La chair, le gras qui coule, le jus de la vie qui bouillit encore et encore. Et puis se mouiller avec les larmes de l'aimée, les deux seulement et personne d'autre, si proches qui se touchent en profondeur. Belles et douces, se regarder et se respirer. Le regard violé par la fatigue et par le poids de sa propre arte d'Emma, ses cheveux bleus. Le muscle de la mandibule de Adèle qui se contracte en une fossette amusée ou accompagne la rougeur désinvolte d'un visage embarrassé ou counturné ou défiguré par une sensualité sauvage, selon les instants. Le très faible, mais enchanté mystère des visages et des créatures humaines, qui se découpe sur toute autre chose.
Écrit par Davide Eustachio Stanzione
Traduction par Fabio Tasso
Section de référence: English/Français
Article original: Cannes 2013 - La vie d'Adèle