Un instant. Une seconde cachée dans la douleur de l’eternité. Un moment d’attente et d’espoir, dans lequel canaliser le rêve d’une libertè désormais niée. Le regard au delà des murs, au delà de la haie, vers un horizon de bonheur qui se couvre de nuages parmi les trajectoires obscures d’un present sans lumière. Un éclat de rire parfumé de deuil, parmi les couches ratatinées d’une vie que n’est plus ça.
Née en 1864, sœur aînée du grand écrivain Paul, Camille Claudel fut une sculptrice de grand succés. Sa jeunesse fut blessée par la relation longue et orageuse avec Auguste Rodin: les deux travaillèrent ensemble et s’aimèrent beaucoup, mais l’homme ne voluit jamais l’épouser, ne trouvant pas le courage de quitter sa copine officielle. À un moment donné, il la quitta. Depuis Camille, déchirée par la souffrance, commença a montrer des signes de folie mentale. Quelques années plus tard, son frère et sa mère fairent l’enfermer dans un centre de soin, òu elle resta jusqu’à la fin de ses jours, à la demande de sa famille même, malgré l’avis contraire des médecins.
Bruno Dumont, l’un des auteurs les plus talentueux et contreversés du cinéma français contemporain, le realisateur de La vie de Jésus et Hors Satan, a choisi de rempoter sur le grand écran l’histoire de Camille, déjà analysée dans l’homonyme pellicule de 1988 avec Isabelle Adjani. En se fondant sur les journaux de la femme et de Paul, Dumont a décidé de photographier un petit segment des longues années d’hospitalisation forcée de la protagoniste, en sondant le détail comme croisement de l’universel, parmi les tournures d’une mise en scène sacrée, soufferte, imprégnée de lyrisme et vain espoir.
Dans la pellicule, Camille vit à grand-peine sa captivité, en oscillant parmi manies de persécution, extrême ennui, aigües crises de pleur, imprevues déchirures de sérénité. Autour d’elle, les autres patients du centre de soin vivent leur existences, entre absence de conscience et (rares) soupirs de lucidité. Camille s’assoit sur un banc, se balade, se désespére, assiste à un petite pièce de théâtre, écrit a une amie perdue, passe dans l’oubli les longues heures de chaque jour, aide les grabataires incapables de comprendre. Et surtout elle attend, avec une anxiété mal dissimulée, l’imminente visite de son frère Paul, avec l’espoir de pouvoir enfin obtenir la permission de regagner sa liberté convoitée et perdue. Un désir insatiable, qui ne pourra jamais être satisfait.
Après l’élégiaque et très intense Hors Satan, Dumont continue dans le chemin spirituel désormais définitivement entrepris, en renferment la narration dans un triomphe de temps suspendus, regards silencieux, longs et tranchants gros plans. Tourné dans un vrai centre de soin près d’Avignon, avec des veritables malades, presenté en concours à Berlin et ignoré par le jury, Camille Claudel 1915 a un style difficile, de quelque façon extrème, un peu trop raréfié sourtout dans la deuxième partie, dans laquelle l’auteur met en scène le personnage de Paul en lui offrant des longues et parfois redondantes répliques dediées au sens de la religion et au vrai visage de Dieu. Dissertations même superflues, qui d’ailleurs enlevent rien a l’éfficacité d’un récit semblable à l’aspiration d’un incertain soleil renfermé dans une mer en tempête, un requiem chanté devant la croix d’une condamnation aveugle et égoïste, dans laquelle le chemin de la protagoniste s’éventre et la transforme en un martyr.
Pour accomplir sa triste litanie, Dumont compte sur la meilleure cœur existante pour une opération aussi compléxe: Juliette Binoche, qui, après les excès orgasmiques du précédent Elles, soulève à la nuit des temps une interprétation sublime, merveilleuse, extraordinaire. Sans maquillage, avec le visage défait, Binoche se dénude pour le realisateur et pour nous, dévore la caméra, dont elle devient propriétaire et amante, esclave et maîtresse, en montrant dans chaque scène une varieté impressionnante de sensations et de nuances. D’un instant à l’autre on la voit rire, pleurer, se bercer aver yeux d’enfant, imploser pour la colère; et de nouveau rire, pleurer, espérer et enfin s’écrouler. On la regarderait pour des heures, des jours, à jamais.
Au risque de paraître blasphématoire, sa performance nous rappelle, pour sa profondeur émotionelle, la légendaire Renée Falconetti de La passion de Jeanne d’Arc de Dreyer: un triomphe de pure habileté de récitation, pour celle qu’on croit est sans conteste la meilleure actrice non seulement du cinéma européen, mais sur la scène mondiale. Et pas seulement à partir d’aujourd’hui, or hier. Merci, Juliette.
Écrit par Alessio Gradogna
Traduction par Fabio Tasso
Section de référence: English/Français
Article original: Camille Claudel, 1915 - Elogio della follia
Née en 1864, sœur aînée du grand écrivain Paul, Camille Claudel fut une sculptrice de grand succés. Sa jeunesse fut blessée par la relation longue et orageuse avec Auguste Rodin: les deux travaillèrent ensemble et s’aimèrent beaucoup, mais l’homme ne voluit jamais l’épouser, ne trouvant pas le courage de quitter sa copine officielle. À un moment donné, il la quitta. Depuis Camille, déchirée par la souffrance, commença a montrer des signes de folie mentale. Quelques années plus tard, son frère et sa mère fairent l’enfermer dans un centre de soin, òu elle resta jusqu’à la fin de ses jours, à la demande de sa famille même, malgré l’avis contraire des médecins.
Bruno Dumont, l’un des auteurs les plus talentueux et contreversés du cinéma français contemporain, le realisateur de La vie de Jésus et Hors Satan, a choisi de rempoter sur le grand écran l’histoire de Camille, déjà analysée dans l’homonyme pellicule de 1988 avec Isabelle Adjani. En se fondant sur les journaux de la femme et de Paul, Dumont a décidé de photographier un petit segment des longues années d’hospitalisation forcée de la protagoniste, en sondant le détail comme croisement de l’universel, parmi les tournures d’une mise en scène sacrée, soufferte, imprégnée de lyrisme et vain espoir.
Dans la pellicule, Camille vit à grand-peine sa captivité, en oscillant parmi manies de persécution, extrême ennui, aigües crises de pleur, imprevues déchirures de sérénité. Autour d’elle, les autres patients du centre de soin vivent leur existences, entre absence de conscience et (rares) soupirs de lucidité. Camille s’assoit sur un banc, se balade, se désespére, assiste à un petite pièce de théâtre, écrit a une amie perdue, passe dans l’oubli les longues heures de chaque jour, aide les grabataires incapables de comprendre. Et surtout elle attend, avec une anxiété mal dissimulée, l’imminente visite de son frère Paul, avec l’espoir de pouvoir enfin obtenir la permission de regagner sa liberté convoitée et perdue. Un désir insatiable, qui ne pourra jamais être satisfait.
Après l’élégiaque et très intense Hors Satan, Dumont continue dans le chemin spirituel désormais définitivement entrepris, en renferment la narration dans un triomphe de temps suspendus, regards silencieux, longs et tranchants gros plans. Tourné dans un vrai centre de soin près d’Avignon, avec des veritables malades, presenté en concours à Berlin et ignoré par le jury, Camille Claudel 1915 a un style difficile, de quelque façon extrème, un peu trop raréfié sourtout dans la deuxième partie, dans laquelle l’auteur met en scène le personnage de Paul en lui offrant des longues et parfois redondantes répliques dediées au sens de la religion et au vrai visage de Dieu. Dissertations même superflues, qui d’ailleurs enlevent rien a l’éfficacité d’un récit semblable à l’aspiration d’un incertain soleil renfermé dans une mer en tempête, un requiem chanté devant la croix d’une condamnation aveugle et égoïste, dans laquelle le chemin de la protagoniste s’éventre et la transforme en un martyr.
Pour accomplir sa triste litanie, Dumont compte sur la meilleure cœur existante pour une opération aussi compléxe: Juliette Binoche, qui, après les excès orgasmiques du précédent Elles, soulève à la nuit des temps une interprétation sublime, merveilleuse, extraordinaire. Sans maquillage, avec le visage défait, Binoche se dénude pour le realisateur et pour nous, dévore la caméra, dont elle devient propriétaire et amante, esclave et maîtresse, en montrant dans chaque scène une varieté impressionnante de sensations et de nuances. D’un instant à l’autre on la voit rire, pleurer, se bercer aver yeux d’enfant, imploser pour la colère; et de nouveau rire, pleurer, espérer et enfin s’écrouler. On la regarderait pour des heures, des jours, à jamais.
Au risque de paraître blasphématoire, sa performance nous rappelle, pour sa profondeur émotionelle, la légendaire Renée Falconetti de La passion de Jeanne d’Arc de Dreyer: un triomphe de pure habileté de récitation, pour celle qu’on croit est sans conteste la meilleure actrice non seulement du cinéma européen, mais sur la scène mondiale. Et pas seulement à partir d’aujourd’hui, or hier. Merci, Juliette.
Écrit par Alessio Gradogna
Traduction par Fabio Tasso
Section de référence: English/Français
Article original: Camille Claudel, 1915 - Elogio della follia